Vipère et envenimations

La vipère, un serpent venimeux dans le Nord de la France

Les vipères dans les Hauts de France : en résumé

Dans notre région, seule la vipère type Bérus peut être rencontrée, en particulier dans la Somme.

Elle est très souvent confondue avec la couleuvre.

En cas de morsure, on observe:

  • douleur immédiate au niveau de la zone de morsure.
  • ecchymose 15 à 30 minutes après l’accident cernant la trace des crochets.
  • gonflement rapide, parfois s’étendant jusqu’à la racine des membres ou la dépassant, parsemé de taches rouges, violettes, et de plaques livides.
  • nécrose limitée à la zone mordue.
  • troubles digestifs
  • fièvre
  • tendance à la perte de connaissance.

Les différentes serpents présents

Dans les Hauts de la France il existe deux grandes familles de serpent: les viperidae (vipères) et les colubridae (couleuvres). Seule la morsure des viperidae est dangereuse pour l’homme. Depuis le 11 février 2021, toutes les espèces de serpents et amphibiens de métropole sont protégées.

Sur les 4 espèces de vipères vivant à l’état sauvage sur l’ensemble du territoire, vipère d’Orsini (Vipera ursini), vipère aspic (Vipera aspis), vipère péliade (Vipera berus) et vipère de Seoane (Vipera seoanei), seule la vipère péliade habite dans le nord de la France. Elle y affectionne les endroits humides des forêts claires, les ronciers et les bords de l’eau.

voir aussi le site Vipères de France – Vipères de France (vipera.fr)
Vipère péliade Photo  – © P. Dubois

La vipère péliade hiverne d’octobre à mars. Pendant le reste de l’année, elle vit surtout le jour et se nourrit de petits rongeurs, de grenouilles, d’oiseaux et de lézard. A l’approche de l’homme elle a tendance à fuir ou à se cacher mais elle peut mordre facilement si elle est dérangée et se sent menacée.

L’autre grande famille de serpents présente dans le nord de la France est celle des couleuvres. Il est possible de rencontrer la couleuvre à collier, la coronelle lisse et parfois la couleuvre vipérine. Ces serpents, non dangereux pour l’homme, peuvent être aperçu lors d’une promenade. Cependant l’identification n’est pas toujours facile et la confusion avec la vipère péliade ne peut être exclue. D’autre part, même si en règle générale ce sont des serpents paisibles, une morsure est toujours à craindre si l’animal est dérangé. 

vipère péliade mâle vipère péliade femelle

–  grades de la morsures –


Lors d’une morsure de vipère, des signes bien connus apparaissent rapidement. Ils ont été classés en quatre grades pour faciliter la prise en charge à l’arrivée à l’hôpital. (cf tableau )

Grade Symptômes
0-Morsure « blanche » Morsure « blanche » sans injection de venin, traces de crochets au niveau de la morsure, absence d’œdème ou de réaction locale après 6h
1- grade mineur œdème local, absence de signes généraux
2-grade modéré 2A-œdème local absence de signes généraux
2B- 2A et symptômes généraux modérés (hypotension modérée, malaise, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées, signes neurologiques) Signes biologiques
3- grade sévère grade sévère: œdème extensif atteignant le tronc et ou sympômes généraux sévères( hypotension prolongée , choc, réaction anaphylactoïde, atteintes viscérales)

Source:  « Mise au point Traitement des envenimations par les serpents de France » par P.Harry et  L. De Haro Réanimation 2002,11:548-553 et Toxicon, par Audebert et coll.
Ces grades correspondent à la quantité de venin que l’animal a pu inoculer en mordant. Plus le grade est élevé plus la quantité de venin que le serpent a injecté est importante.

 


La morsure, généralement peu douloureuse, est représentée par
deux points distants d’environ 1 cm et entourés d’une auréole rouge. Parfois la morsure peut passer inaperçu! 

Si le venin a été inoculé, un oedème (gonflement de la partie mordue) peut rapidement s’étendre et entraîner une douleur intense.

morsure de vipère

Par ailleurs d’autres signes peuvent être observés. Ils peuvent être digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales), cardiovasculaires (hypotension) et neurologiques (troubles de la conscience, coma).

Des complications générales peuvent survenir, de type allergique pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique. Les complications locales sont  marquées par une nécrose tissulaire locale (mort de la peau et de la chair à l’endroit de la morsure).

 

*Le traitement d’une morsure de vipère doit toujours passer par une prise en charge à l’hôpital. En attendant le transfert à l’hôpital, des premiers soins peuvent être apportés.
NE PAS FAIRE: -Aspiration, succion, cautérisation, incision, l’Aspivenin(R) n’a pas d’intérêt.- Garrot, tourniquet aggravent l’ischémie déjà présente. -Capturer le serpent, une photo et un seul intoxiqué suffisent. Rappel: La vipère est protégée. -Pas d’administration de médicament avant avis médical: ni corticoïdes, ni héparine, ni antibioprophylaxie systématique car seul 2% des morsures de vipères se surinfectent. Pas de boissons tachycardisantes, de type caféinée.
A FAIRE: -Appel du SAMU et transfert systématique à l’Hôpital. Un SMUR sera déclenché selon les cas. -Mettre la victime au repos, la calmer, l’allonger. Elle ne doit pas marcher.
-Appliquer un bandage ajusté mais non compressif afin d’immobiliser la partie atteinte. Enlever les garrots potentiels( bagues, bracelets). Désinfecter la morsure par exemple avec une compresse imbibée d’alcool. Un antalgique de type paracétamol peut être donné pour atténuer la douleur. La pose de glace dans un linge propre à proximité de la morsure diminue également cette douleur locale.
*Le traitement d’une morsure de vipère doit toujours passer par une prise en charge à l’hôpital.
A l’hôpital, le grade de l’envenimation sera évalué et un traitement symptomatique à base d’antalgiques et d’antibiotiques pourra être donné. Pour les cas les plus graves (grade II et III), il existe un antidote spécifique appelé VIPERFAV®.
Il est disponible dans les Centres antipoison pour les services Hospitaliers. 
* En cas d’une morsure par une vipère ou par tout autre serpent il convient de demander rapidement conseil auprès du centre antipoison de votre région ou d’appeler le SAMU :15