L’Automédication

L’automédication, c’est quoi ?

L’automédication consiste à prendre des médicaments sans avis ni prescription médicale.
« C’est un comportement individuel qui consiste à se soigner seul ».

On distingue 2 types d’automédication : l’automédication officinale et l’automédication familiale.

L’automédication officinale

Lors d’une automédication officinale, le patient se rend chez son pharmacien. Il lui décrit ses symptômes et le pharmacien peut alors conseiller un traitement symptomatique adapté, et complété par des recommandations appropriées s’il estime qu’une consultation médicale n’est pas nécessaire. Il y a donc un avis médical.

L’automédication familiale

En revanche, l’automédication familiale consiste à réutiliser, sans avis d’un professionnel de santé, les médicaments stockés à la maison (médicaments restants d’une prescription antérieure ou achetés auparavant en pharmacie)

Le patient décrypte lui-même ses symptômes, établit son propre diagnostic et choisit ensuite son traitement il s’automédique.

L’automédication une pratique courante mais…

L’automédication est un phénomène très fréquent. La plupart du temps, lorsque le patient utilise l’automédication, c’est qu’il pense reconnaître des symptômes qu’il a déjà eu auparavant.

Parmi ces symptômes, on retrouve classiquement les douleurs, la fièvre, le nez qui coule, la gorge qui gratte, la toux, les états de fatigue…

Ces problèmes sont généralement bénins, sans gravité, et l’utilisation de l’automédication permet de soulager ces désagréments de manière assez rapide et efficace.

malade

L’automédication n’est pourtant pas sans dangers ni sans risques…

Il faut savoir qu’un médicament n’est pas une substance anodine. Utilisé à bon escient, il permet de soulager des symptômes et de soigner des maladies, mais peut également provoquer d’autres effets annexes, dits indésirables, voire masquer une affection plus grave.
Rappelons qu’une prescription sur ordonnance est spécifique à une personne donnée et à un état donné.
En conservant et en administrant ces médicaments aux membres de sa famille ou à soi-même, il peut y avoir de dangereuses interactions ou des effets secondaires importants tout simplement parce que le médicament n’est pas adapté.

ATTENTION !! Le fait qu’un médicament soit vendu sans ordonnance ne signifie en aucun cas qu’il soit sans risque.

medicaments

L’erreur thérapeutique résulte d’un mésusage du médicament, soit par l’administration d’une mauvaise dose, soit par l’administration d’un médicament autre que celui voulu ou pour une indication autre que celle qui est indiquée sur la notice.

Prenons l’exemple du paracétamol, qui est très souvent utilisé en automédication.
Pour toutes les formes confondues (suspension buvable, comprimés, gélules, sachets…), l’usage – ou plutôt le mésusage – du paracétamol de son propre gré fait l’objet d’un grand nombre d’appels au Centre Antipoison de Lille, et ce, tout au long de l’année. Ce mésusage engendre des erreurs thérapeutiques.

Les risques sont d’autant plus importants que l’utilisation concerne :

  • des personnes âgées qui sont souvent polymédiquées et donc sujettes à des interactions,
  • des enfants en bas âge, pour lesquels la posologie est établie selon le poids.

Si l’on analyse ces appels résultant d’erreurs thérapeutiques, on remarque que les personnes les plus exposées à l’automédication sont les enfants et adolescents (jusqu’à 15 ans).
Ce sont les parents qui utilisent beaucoup cette pratique pour leurs enfants, sans avis médical, et les exposent ainsi parfois à de nombreux risques.

Au Centre Antipoison de Lille, sur 758 erreurs thérapeutiques, on a recensé 290 cas concernant les enfants (jusqu’à 15 ans). Si on regarde plus en détails, près d’1 cas sur 3 apparaît chez les 3 à 6 ans.

Dans les populations pédiatriques, on utilise le plus souvent des formes médicamenteuses telles que sirops ou suspensions buvables. Pour faciliter l’administration, il existe des systèmes de mesure : ce sont des pipettes graduées qui permettent la délivrance de la quantité exacte de produit à administrer, en fonction du poids de l’enfant.

Beaucoup d’erreurs thérapeutiques sont dues à l’inversion de pipettes entre différents médicaments, or il faut savoir que chaque pipette est spécifique d’un produit donné.

Exemple : Un bébé de 15 mois, 10 kg, ne cesse de pleurer et a de la fièvre. Sa maman, affolée devant cette montée de température et l’intensité des pleurs, décide de lui administrer du paracétamol Doliprane®, en suspension buvable.
L’enfant pèse 10 kg : l’utilisation de la pipette graduée permettra d’administrer la bonne dose/kg.
En ouvrant la boite, la pipette du Doliprane® n’est plus là ; la mère décide donc de prendre celle de l’Advil® pour donner le Doliprane®. Pour une dose 10 kg avec la pipette Doliprane®, on délivre 150 mg de paracétamol.
En revanche, avec la pipette Advil®, on ne donne que 90 mg de paracétamol.

Pour cet exemple, l’inversion n’est pas « grave » en soi puisque la dose administrée est moins importante que celle voulue mais l’effet sera moins important.
Si la maman avait utilisé une autre pipette, elle aurait pu donner une dose plus importante et l’ingestion d’une dose trop élevée de paracétamol peut engendrer des effets toxiques au niveau du foie.

Prenons maintenant l’exemple contraire : si maintenant la mère décide d’administrer de l’ibuprofène Advil® avec la pipette de Doliprane®.
Pour une dose 10 kg avec la pipette Advil®, on délivre 75 mg d’ibuprofène.
En revanche, avec la pipette Doliprane®, on donne 125 mg d’ibuprofène, soit pratiquement le double.

Ce type de situations peut parfois nécessiter une hospitalisation afin de surveiller l’enfant et parfois il y aura nécessité de mettre en place un protocole qui facilitera l’élimination de l’organisme.

Ne pas médicaliser à outrance et trop vite, afin de laisser les défenses naturelles agir et se développer.
Il ne faut pas toujours traiter tous les symptômes par des médicaments car certains permettent à l’organisme de se défendre de manière naturelle contre les infections. La fièvre, c’est-à-dire lorsque la température corporelle atteint 38-38.5°C, est un exemple de moyen de défense de l’organisme.

Choisir une forme adaptée à la tranche d’âge et respecter les doses selon le poids.
Il existe de plus en plus de formes pédiatriques adaptées au poids de l’enfant avec des systèmes de pipettes graduées.

Toujours garder la notice d’un médicament et la lire avant chaque utilisation, car y sont inscrits ses indications, contre-indications, effets secondaires et la posologie. La lecture complète permet de réaliser un bon usage du médicament.

Ne pas donner de médicament prescrit pour soi à quelqu’un d’autre sans avis médical.

Il est préférable de ne pas consommer d’alcool ou de ne pas fumer lors de l’utilisation de médicaments, et de ne pas conduire après avoir pris un médicament qui modifie l’attention.

Préférer une armoire à pharmacie placée en hauteur et qui ferme à clé, pour éviter un accès facile aux enfants en bas âge.
Dans tous les cas, il est toujours préférable d’avoir un avis médical.

Ne pas hésiter pas à poser des questions à votre médecin et/ou votre pharmacien, sans oublier de préciser vos antécédents médicaux et pathologies chroniques, le conseil pouvant être différent. Il vous aidera à choisir la meilleure thérapeutique, et précisera les risques éventuels et les précautions à prendre avant l’emploi.

Conclusion

L’automédication par la « boîte à pharmacie » est admise par les médecins eux-mêmes pour des symptômes peu préoccupants, mais uniquement pour des traitements de courte durée et mono- symptomatique, comme le précise la notice de tous les médicaments.

L’automédication permet de remédier à différents maux, mais il faut choisir une automédication responsable : c’est à dire demander conseil à son pharmacien pour traiter des symptômes courants et bien connus, tout en respectant la posologie.

En cas de problème suite à la prise d’un médicament, qu’il y ait des symptômes ou non, appelez le Centre Antipoison de Lille 24h/24, 7j/7 au 0800.59.59.59 (numéro vert gratuit)
Expliquez clairement la situation, un médecin vous renseignera sur la conduite à tenir, et décidera si une hospitalisation est nécessaire, ou si une simple surveillance suffit.

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