Plomb et saturnisme

Le saturnisme ? C’est l’intoxication par le plomb

Il existe de nombreuses sources de pollution de l’environnement domestique et professionnel. Une intoxication a marqué l’Histoire et l’Art, c’est l’intoxication par le plomb ou Saturnisme.

Le plomb est un métal gris bleuâtre, blanchissant lentement en s’oxydant, malléable encore largement utilisé dans l’industrie notamment dans la fabrication des batteries (76% du stock Français), dans le bâtiment (peinture et couverture) ou dans l’artisanat (réfection de vitraux)

Les effets toxiques du plomb dépendent de la quantité de plomb et de l’âge. Au cours des dernières années, les taux considérés comme ayant des effets toxiques, notamment chez l’enfant, n’ont cessé de diminuer. Les enfants ont une plus grande sensibilité aux effets du plomb que les adultes.

C’est un élément toxique, mutagène, et reprotoxique ou CMR. Lors de l’exposition professionnelle, les salariés exposés bénéficient d’une prise en charge renforcée.
Exemple l’intoxication chez les jeunes travailleurs :

C’est pour éviter toute contamination que le travail des jeunes âgés de moins de 18 ans est interdit dès lors qu’il est exposé directement ou indirectement au plomb. Cependant des cas de saturnisme professionnel chez de jeunes travailleurs sont régulièrement déclarés.

Le plomb est absorbé essentiellement par inhalation des poussières et dans une plus petite proportion par ingestion. Le plomb circule ensuite dans le sang où il est fixé sur les globules rouges. Puis, il est stocké dans le secteur osseux ou se fixe sur les organes tel que le système nerveux, la moelle osseuse ou les reins.

Les fonctions supérieurs sont d’abord atteintes : asthénie, troubles du sommeil, troubles de l’humeur, irritabilité, anxiété, troubles de la mémoire, troubles du comportement, troubles de l’attention.

Pour des expositions importantes, on peut souffrir d’encéphalopathie se traduisant par vomissement, sueurs, délires, hallucinations, amaurose, convulsions pouvant aller jusqu’au coma. Des atteintes du système nerveux périphérique peuvent également se voir avec la paralysie antibrachiale pseudo-radiale qui est une atteinte du nerf radiale se traduisant par un défaut d’extension du poignet et des 2ème, 3ème et 4ème doigt.

La néphropathie saturnine est une néphropathie tubulo-interstitielle chronique pouvant en cas d’exposition prolongée se compliquer d’une insuffisance rénale chronique.

Le plomb interfère avec la synthèse de l’hémoglobine et donner une anémie.

Il a été retrouvé un risque accru de cancer de estomac, des poumons et de la vessie chez l’animal lors de l’exposition chronique au plomb.

Les hommes exposés au plomb peuvent avoir des modifications de leur spermogramme avec une diminution de la quantité, des malformations des spermatozoïdes ou insuffisance de la mobilité se traduisant par une diminution de la fécondité.

Chez la femme, on peut voir des avortements spontanés, des morts fœtales, ou des prématurités.

Le Plomb est un CMR ou substance cancérogène mutagène et toxique pour la reproduction

cancer

Le travail avec du plomb bénéficie d’une réglementation particulière.

La prévention collective repose sur l’information des travailleurs et les précautions à prendre (délimiter les zones à risques et séparation des locaux à risque, stockage et étiquetage en cas de fractionnement, appareils clos et captation à la source des poussières de plomb, travail en atmosphère humide, entretien des locaux). Les vestiaires personnels et les vestiaires de travail doivent être séparés par les douches. Les douches sont obligatoires en fin de poste avec lavage soigneux des mains et brossage des ongles.

Il est interdit de fumer, boire, manger, mâcher chewing-gum en vêtement de travail (article R4412-156 Code du Travail).

Des équipements de protection individuelle doivent être mis à disposition des travailleurs notamment des appareils de protection respiratoire avec filtre P3.

Interdiction pour les jeunes travailleurs :

Il est interdit d’employer les jeunes travailleurs âgés de moins de dix-huit ans aux travaux les exposant aux agents chimiques dangereux tel que le plomb et de les admettre de manière habituelle dans les locaux affectés à ces travaux comme le précise le code du travail dans l’article D4153-26.

L’employeur qui envisage d’employer un mineur adresse une demande écrite à l’inspecteur du travail au moins quinze jours avant la date prévue d’embauche comportant une description de la nature et des conditions de travail.

Ce dernier a alors 8 jours pour refuser l’embauche du mineur ; passé ce délai l’autorisation est accordée.
Cependant, l’autorisation de l’inspecteur du travail peut être retirée à tout moment s’il est constaté que le mineur est employé soit dans des conditions non conformes à l’autorisation, soit en méconnaissance des dispositions du code du travail.

Surveillance médicale :

Tous les travailleurs exposés au plomb, avec une concentration de plomb de l’air > 0,05 mg/m3 ou si plombémie >200mg/l chez l’homme et > 100mg/l chez la femme, bénéficient d’une surveillance médicale renforcée; c’est à dire une consultation tous les ans avec le médecin du travail.

Valeur limite  biologique : 400mg/l chez homme et 300mg/l  chez femme

Au delà de cette valeur le travailleur doit être extrait de son milieu de travail l’exposant au plomb.

20 cas d’exposition professionnelle au plomb chez les jeunes travailleurs (entre 16 et 18 ans) ont été déclarés entre 2001 et 2011 : 16 patients avaient des plombémies pathologiques > 100µg/l.

Il s’agissait en majorité d’apprentis en couverture zinguerie (5 sur 16). Les autres patients travaillaient dans la réfection de vitraux, la peinture ou dans le domaine automobile. Pour 5 d’entre eux, la profession n’était pas connue.

On retrouve également 2 cas où la plombémie retrouvée était supérieure à la valeur limite biologique de 400µg/l pour l’homme (art R4412-152 du Code du travail). Tous deux étaient apprentis dans une entreprise de réfection de vitraux.

L’un d’eux avait une plombémie à 459µg/l. Il ne bénéficiait pas des EPI obligatoire en cas d’exposition au plomb et les règles d’hygiène réglementaires n’étaient pas appliquées dans l’entreprise (douches, vestiaires séparés…). Il a de suite été interdit de présence sur le site. La plombémie a donc diminué progressivement.

Pour l’autre, la plombémie était à 480µg/l avec une diminution progressive sans que les dispositions sur le lieu de travail nous aient été communiquées